L’antenne APAC de Villers-lès-Nancy a reçu le vendredi 7 février Geneviève MOLL dans le cadre d’une rencontre Poésie-Musique .
Geneviève Moll – Gene à la scène – est enseignante, mais elle préfère dire instit, à la retraite. Elle écrit des chansons qu’elle interprète en s’accompagnant à la guitare. Son alter- ego, sa sœur Marie-José, aux percussions, partage parfois ses chansons et les met en relief en soulignant leur musicalité et leur sens.
Le spectacle a lieu dans les salons du château de Madame de Graffigny où les spectateurs sont venus très nombreux au rendez-vous, la salle est comble.
Immédiatement les premières chansons nous plongent dans une atmosphère poétique, intimiste, au silence enchanté, propice au partage des émotions. Mais l’humour est là aussi, clin d’œil de l’auteure.
Les thèmes se croisent, se tissent au fil des chansons dans un cadre qui privilégie souvent la nature, la beauté et la grâce des arbres, de l’eau, des saisons, éléments parfois pris comme métaphores de la vie ou comme tremplins du bonheur de vivre, du rêve de paix, de l’amour. Ainsi les bords du Verdon ou du Lac de Madine inspirent l’idée que l’amour « file au fil de l’eau », que « rien ne se pose, rien ne dure » et qu’il faut profiter du moment. Carpe Diem! L’Ile de Bréhat, elle aussi, invite à la paix et au bonheur. Des impressions nostalgiques peuvent aussi émaner d’un paysage urbain comme celui de Lisbonne au crépuscule ou de Lisbonne et son tramway.
Plusieurs chansons sont liées à la mémoire de l’origine et de l’enfance. Une enfant « pied-noir » voit et vit une émigration sur laquelle elle s’interroge. Il lui faudra coûte que coûte construire le futur.
La mémoire ! Sa perte interdit les souvenirs qui permettent de se rappeler les « jours heureux » et de se rassurer. « Il n’y a plus personne dans les petits avions qui tournent en rond ». De l’absence de mémoire naît une profonde solitude irréversible… Une chanson poignante à l’émotion profonde. Aussi poignante est la chanson de celle qui monte chaque jour à la « Croix de Saint Jean » et qui, elle, a le malheur de se souvenir ! Sur son chemin de croix toujours recommencé, elle se sait irrémédiablement et désespérément seule, avant de mourir, seule. Allégorie de la vieillesse dans notre société ?
Revient aussi un leitmotiv inquiet dans plusieurs chansons. L’auteure craint que l’inspiration ne se tarisse : « ne m’abandonnez pas mes mots», « donnez-moi le fil ténu de l’existence pour rester dans la danse ». Elle va jusqu’à affirmer que « ses chansons roupillent » et « [qu’elle] n'[est] pas le genre de fille à les secouer ».
Si la poésie qui se dégage de l’écriture des chansons ne masque pas la solitude, le désespoir, elle est aussi le support de dénonciations parfois tragi-comiques de tout ce qui gâche ou empêche le bonheur de vivre. L’auteure revendique le droit à la différence des obèses, le devoir d’oublier l’épée de Damoclès, le bonheur d’enseigner.
Elle rêve de paix et revendique, par ses chansons, le pouvoir de « sauver la planète et les gens ». Elle a l’espoir et aussi la volonté que « la chanson contre les canons » ne soit pas qu’une formule.
La séance prend fin laissant le public sous le charme. Enthousiaste, il réclame un bis à deux reprises.
Gene et Marie José s’exécutent volontiers et terminent par deux chansons qui prônent paix, fraternité, tolérance et amour. Voilà un élan optimiste qui nous imprègne et nous réchauffe par les temps moroses que nous traversons.
Nous avons pu partager avec les deux artistes des moments de connivence chargés d’émotions tendres et fortes à la fois. Pour ces moments privilégiés, si rares, soyez chaleureusement remerciées Gene et Marie-José.
Merci aussi à Nicole Bardin-Laporte d’avoir permis et conduit cette belle séance. G.TANZI