Inde, la Disparition de Jean-Baptiste
Dominique HOELTGEN / Éditions – Ayame
Il s’agit d’une rencontre exceptionnelle de l’A.P.A.C. à la demande de la municipalité de Villers-lès-Nancy, en présence des parents de Jean-Baptiste TALLEU, Marie-Claire et Pierre TALLEU.
La séance a lieu dans les salons du Château Madame de Graffigny en présence d’un auditoire très nombreux, concerné et attentif pour un entretien autour de l’ouvrage de Dominique HOELTGEN « Inde, la Disparition de Jean-Baptiste », paru en janvier 2019. Le livre relate une histoire réelle.
Journaliste, Dominique HOELTGEN est correspondante en Inde pour « L’Expansion » depuis 2004. Elle a arpenté les routes du monde pendant de nombreuses années et voyagé dans plus de cinquante pays comme journaliste et reporter. Elle a été amenée à parcourir l’Afrique en commençant par l’Algérie, puis les États-Unis, l’Italie, le Japon et, bien sûr, l’Inde qu’elle a sillonné pendant sept ans du nord au sud allant à la rencontre des Indiens –intellectuels, gens du peuple ou Indiens des bidonvilles – et à la découverte des lieux de vie et des lieux sacrés. Tous ces périples ainsi que des rencontres importantes sont à l’origine d’une riche bibliographie.
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Les marchands de l’Internet (Editions du Téléphone, 1996),
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Internet pour tous (Editions du Téléphone, 1995)
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Le Salaire des Africains (Editions Jeune Afrique Plus, 1983)
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L’Algérie (Editions Jeune Afrique, 1982)
Dominique Hoeltgen est aussi pionnière dans l’analyse du web comme phénomène de société.
Jean-Baptiste TALLEU, parti de Nice à bicyclette le 18 juillet 2007 pour rallier la Chine où vit sa sœur, passe par l’Italie, la Croatie, l’Albanie, la Turquie, l’Iran. Puis de Dubaï il s’envole le 4 décembre 2007 pour Bombay (Mumbai). Le 5 décembre, quelques jours avant son 26ème anniversaire, il retire de l’argent à un distributeur de billets à Bombay. Puis il disparaît. Plus de nouvelles à sa famille, alors qu’il correspondait régulièrement avec ses parents par Internet. Plus rien n’arrivera. Jean- Baptiste a disparu.
Le 12 janvier 2008, Marie-Claire et Pierre alertent le Ministère des Affaires Étrangères et le Consulat de France à Bombay. Les démarches pour « disparition inquiétante » sont mises en route… Elles ne rencontrent hélas que lenteur et inaction, en France comme en Inde. Alors Marie-Claire part à Bombay avec Vincent, un de ses fils qui parle Anglais ! Pour elle, le premier contact avec l’Inde est « effrayant, affolant ».
Les rencontres avec l’Ambassadeur, les policiers, sont très difficiles, mais on élabore une première affiche, un avis de recherche et surtout, par un heureux hasard, Marie-Claire fait la connaissance de Dominique. Cette rencontre est décisive dans ce drame et ensuite dans l’histoire de ce livre, remplaçant un premier projet de film.
Le deuxième voyage en novembre 2008 durera 4 mois pour Marie-Claire et Pierre qui se retrouvent dans le sud, à Pondichéry. Là aussi, ils se heurtent à des difficultés administratives et humaines, des témoignages souvent erronés, des pistes qui n’aboutissent à rien de concret. Mais Marie-Claire et Pierre trouvent aussi l’aide des petites gens, des humbles et font de belles rencontres humaines. L’Inde devient vite un pays aimé grâce à l’accueil de personnes qui se dévouent et mettent en place des conférences de presse, des informations télévisuelles.
Pierre est séduit par la spiritualité du pays, par le grand nombre de croyants et de temples.
Marie-Claire se souvient qu’à Delhi, en 2012, leur chambre d’hôtel « minable » a été le lieu de grandes rencontres avec des gens qui se sont investis dans leur cause, cherchant à les aider de toutes les manières possibles.
Ainsi les parents de Jean-Baptiste ont-ils pu assister à une célébration religieuse rituelle, une « Mela » à laquelle participaient des milliers de personnes, ils ont pu y parler de leur fils et recueillir des témoignages.
La rencontre avec l’Inde du sud est aussi pour eux la découverte d’une région empreinte de « sacré ». Dans le Gujarat, ils ont gravi les 10 000 marches du Mont Girnar menant à un temple. Ils se sont imprégnés de l’Inde et de ses odeurs. C’était pour eux une autre façon d’être en communion avec leur fils Jean-Baptiste.
La totalité des voyages faits, au nombre de sept, représente deux années.
Et, les retours à Villers ? Il y a la famille… les enfants ainsi que cinq petits-enfants. Mais, comme dit Marie-Claire : « l’Inde, c’est l’Inde et Villers, c’est Villers ».
Quant à Dominique, elle a joué un grand rôle dans cette quête : elle a pris note des faits, partagé sa connaissance du pays, aidé aux recherches en accompagnant Marie-Claire lors d’un de ses voyages, se rendant avec elle d’ashram en ashram.
Le temps d’échange avec l’auditoire fut riche en questions, en témoignages et avis personnels auxquels Marie-Claire et Pierre répondirent avec amitié, patience et dignité.
Marie-Claire et Pierre nous ont fait partager une aventure humaine poignante avec beaucoup d’émotion, de sérénité, un courage exceptionnel et une grande ouverture au monde et aux êtres. Qu’ils en soient remerciés! C’est une belle leçon de vie et d’espoir.
Merci à Nicole Bardin-Laporte qui mena la séance avec tact et réserve, permettant ainsi aux parents de Jean-Baptiste et à Dominique HOELTGEN de s’exprimer pleinement. G. TANZI