ALMA MAHLER
Alma MAHLER est née SCHINDLER, à Vienne en Autriche, le 31 août 1879. C’est une artiste peintre et une musicienne hélas insuffisamment connue de nos jours sauf pour la composition de nombreux « lieder ».
Elle est la fille d’un peintre paysagiste célèbre de l’époque, Emil Jacob SCHINDLER et de son épouse Anna BERGEN. Elle est élevée dans un milieu aisé où se rencontrent et se côtoient les membres de l’élite et de l’avant-garde artistique de la ville de Vienne : architectes, écrivains, musiciens, plasticiens et peintres dont l’un des plus célèbres est Gustav KLIMT.
Dès l’âge de 10 ans, elle suit des cours de composition et de piano et devient rapidement talentueuse dans ces deux disciplines. Alma est une très belle femme, cultivée, intelligente, indépendante d’esprit et, bien sûr, très courtisée par le Tout-Vienne.
C’est ainsi qu’en 1901 elle rencontre le célèbre musicien Gustav MAHLER qui, en guise de déclaration d’amour, lui dédicace sa Symphonie n° 5 et son célèbre « adagietto », celui-là même qui ornera somptueusement beaucoup plus tard le film de Visconti : « Mort à Venise ».
Elle épouse MAHLER, mais il est auparavant convenu entre eux…qu’elle doit abandonner ses propres aspirations artistiques (sans doute pour « ne pas risquer de faire d’ombre » à son époux …) ce qui met un coup d’arrêt à une carrière dont les débuts semblaient pourtant si prometteurs. Gustav n’hésitera d’ailleurs pas à s’approprier carrément une partie des musiques composées par son épouse !
Deux enfants naissent de cette union : Maria, qui meurt à cinq ans d’une scarlatine compliquée d’une diphtérie, et Anna (1904-1988) qui deviendra sculpteur.
Alma, toujours très courtisée, a alors une liaison avec le peintre et dramaturge Oskar KOKOSCHKAS (1886-1980) puis avec l’architecte GROPIUS qu’elle épouse à la mort de MAHLER en 1911. De cette union nait en 1916 une petite Manon qui décèdera de la poliomyélite à 18 ans. Alban BERG, un grand ami d’Alma, composera pour la jeune fille si tragiquement disparue son « Concerto à la mémoire d’un ange ».
Dès 1919, Alma, toujours mariée à GROPIUS, a une liaison et vit avec le romancier Franz WERFEL dont elle tombe enceinte à quarante ans. Elle divorce alors mais, nouveau drame, Johannes, l’enfant né prématurément, meurt à dix mois…
Elle épouse WERFEL en 1929 mais en 1938 le couple doit fuir l’Anschluss et se réfugier en France, à Sanary sur Mer. Mais l’invasion de la France par les Allemands en 1940 les contraint de nouveau à s’enfuir : ils franchissent à pied les Pyrénées pour se rendre en Espagne puis au Portugal d’où ils s’embarquent finalement pour les Etats-Unis.
WERFEL décède en 1945 et Alma s’installe alors à New York où elle demeurera jusqu’à sa mort le 11 décembre 1964, à 85 ans.
Alma MAHLER a donc eu une existence riche, longue et intense sur les plans, artistique, social et sentimental même si les exigences égoïstement restrictives de son premier mari ont beaucoup coupé les ailes de sa créativité si prometteuse. Sa grande beauté et sa séduction irrésistible lui ont valu d’être courtisée et aimée de nombreux hommes ; c’est ainsi qu’elle est devenue l’épouse ou la maîtresse, puis la veuve, successivement, entre autres, de quatre créateurs exerçant leur génie dans des domaines aussi divers que la musique (MAHLER), la peinture (KOKOSCHKA), l’architecture (GROPIUS), la littérature (WERFEL). Cela lui a valu le surnom ironique et sans concession de « Veuve des Quat’Z’Arts »
Surnom impitoyable, sans doute méchamment émis par les bonnes âmes jalouses ou envieuses de l’époque qui auraient peut-être pu manifester davantage d’indulgence et de mansuétude à l’égard d’une femme qui a par ailleurs dû payer, tout au long de son existence, un lourd tribu aux peines , deuils et tragédies.
Maïté PETIT